Présidentielles mollassonnes dans une semaine énergétique

Sur l’environnement, l’énergie, le climat, la campagne est aphone et atone. Scandale démocratique.

 

Résumons l’actualité relative à l’énergie et au climat de la semaine passée (lundi 26 au samedi 31 mars) :

–          Abandon. Les deux géants de l’énergie allemands, EON – RWE, se retirent des projets de centrale nucléaire au Royaume-Uni. Le choix est économique : trop cher, trop risqué. Ils préfèrent investir dans les renouvelables et dans l’efficacité énergétique. Voir ici.

–          Abandon. La Bulgarie abandonne son projet de centrale nucléaire à Béléné. Là encore, la décision prise par le gouvernement repose principalement sur des considérations d’ordre économique : un besoin d’investissements à hauteur de 10 milliards d’euros, aucun investisseur prêt à mettre la main à la poche. Voir ici.

–          M. Edano et TEPCO. TEPCO demande l’aide du gouvernement japonais : 9 milliards d’euros de recapitalisation et un prêt de 7,7 milliards d’euros. Le Ministre japonais de l’Industrie, du Commerce et de l’Energie, M. Edano, déclare que cela n’est acceptable que si l’Etat reprend la main sur la politique de TEPCO. Il menace l’entreprise de faillite. Il indique aussi que le Japon cherche à devenir indépendant du nucléaire, que la question est de savoir quand. Voir ici ou ici.

–          M.  Edano et la sortie du nucléaire. M. Edano fait une seconde déclaration dans le Wall Street Journal : il déclare que la question est de savoir comment être « aussi proche de zéro nucléaire en 2030 que possible« , alors que le nucléaire était censé fournir 50% de l’électricité nippone. M. Edano souligne qu’il ne faut plus réfléchir en termes de production d’électricité mais en termes d’efficacité de la consommation. M. Edano est considéré comme pragmatique, et particulièrement influent. Voir ici.

–          Fukushima, mauvaises nouvelles. A chaque avancée, une déconvenue. TEPCO a réussi à faire pénétrer des instruments dans la cuve du réacteur n°2. Mais au lieu d’y trouver un niveau d’eau estimé à plusieurs mètres, seuls 60 cm d’eau ont été constatés. La radioactivité est extrême : 70 sieverts là où la mesure a été prise, soit de quoi tuer un homme en quelques minutes et endommager les instruments en peu de temps. Voir ici.

–          Gaz. Accident majeur sur une plateforme gazière de Total au large de l’Ecosse. Un ancien puits fait l’objet d’une fuite massive, obligeant l’évacuation de la plateforme. Risque d’explosion. Pollutions importantes, locales et globales : hydrocarbures et gaz acides et corrosifs. Et potentiellement 6 mois pour stopper la fuite.  Total perd 7% en bourse. Voir ici.

–          Prix du baril et essence. Stablement installé à un niveau élevé (125$/baril), le pétrole pousse l’essence à battre des records de prix. Après la « réduction des taxes » ou le « jeu de la concurrence » les semaines passées, on nous propose maintenant d’utiliser les stocks stratégiques pour atténuer le prix à la pompe. Evidemment, ce n’est pas une solution. La seule vraie solution serait de parler efficacité et réduction des besoins, mais ca… Voir ici.

–          Pression. Un grand colloque scientifique international se tenait à Londres en vue de Rio+20 : Planet under pressure (la planète sous pression). Tous les indicateurs sont au rouge, les changements globaux sont avérés et extrêmement inquiétants de par leur ampleur et leur vitesse. Voir ici.

–          Changement climatique, toujours. L’Organisation Mondiale de la Météorologie a sorti son rapport annuel sur l’état du climat. Pas de surprise : l’année 2011 aura été la 11ème plus chaude jamais enregistrée. La décennie 2002-2011 aura été 0,21°C plus chaude que décennie 1991-2000. Voir ici.

–          Extrême. Le GIEC publie un rapport (SREX) sur les conséquences du changement climatique sur les événements météorologiques extrêmes : une intensification des catastrophes météo est à attendre. La presse en parle à peine. Voir ici.

–          Climate week. La semaine du climat, en France et partout dans le monde. Sujet absent des radars médiatiques français. Voir ici.

 

Et pourtant, dans la campagne Présidentielle française, ces sujets n’ont aucune place. Rien. C’est à désespérer de la démocratie. Il serait temps que les médias et que les « faiseurs d’opinion » fassent monter le niveau : nous voulons un vrai débat sur l’avenir énergétique et climatique de la France et de l’Europe.