EPR à Bugey – Fin du suspense, mais pas du combat !

Alors que le Conseil de politique nucléaire du 19 juillet 2023 a décidé de retenir le site de Bugey (Ain) pour l’implantation de la troisième paire de réacteurs EPR2, après Penly et Gravelines, les écologistes réitèrent leur ferme opposition à l’énergie nucléaire.

Bugey ou Tricastin ? Cela faisait des mois que l’annonce du président de la République était attendue pour connaître le lieu d’installation de 2 nouveaux réacteurs EPR2 en région Auvergne-Rhône-Alpes. Une nouvelle fois, Emmanuel Macron ne respecte pas la démocratie en annonçant en plein été son choix de retenir le site de Bugey, alors même que la politique énergétique de la France n’a toujours pas été débattue démocratiquement. 

Les écologistes rappellent qu’à ce jour aucun réacteur EPR ne fonctionne correctement dans le monde (*). Alors que la consultation publique sur le démarrage de l’EPR de Flamanville est ouverte jusqu’au 15 septembre, des associations et des élu·es dénoncent déjà des malfaçons récurrentes pour un chantier qui accuse plus de 12 ans de retard et plus de 15 milliards de surcoût.

“Il est illusoire d’espérer construire 6 EPR2 pour 50 milliards avec de tels retours d’expérience”

Maxime Meyer, conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, et co-chef de file du collectif d’élu·es contre les EPR

Le site de Bugey, situé aux portes de l’agglomération lyonnaise, comporte déjà la plus vieille centrale de France (**) en fonctionnement qui connaît des “incidents” récurrents. Alors que l’ensemble des études scientifiques sur le climat confirment une baisse de 30% à 50% du débit du Rhône d’ici à 2050 (***), les écologistes rappellent qu’un seul EPR nécessite autant d’eau que 1,6 millions d’habitant·es, soit la population de la Métropole de Lyon. Plusieurs réacteurs nucléaires français étaient à l’arrêt l’été dernier à cause de la sécheresse. Installer deux EPR le long du Rhône, dont le débit diminue, exacerbera les conflits d’usage, mettant en danger nos populations pour son approvisionnement en eau potable.

Aujourd’hui, de nombreux scénarii démontrent qu’une France sobre en énergie et 100% renouvelables est possible. L’avenir énergétique de notre pays nécessite un vrai débat, pas des annonces en catimini en plein mois de juillet ! 

Construire de nouveaux réacteurs prendra à minima 20 ans dans un contexte climatique incertain, sans compter l’impact climatique de ces méga chantiers. Or, le GIEC le dit : nous devons agir maintenant pour le climat, nous n’avons que 2 ans pour infléchir les courbes. 

Contrairement à ce qu’annonce  le communiqué de l’Elysée, l’EPR à Bugey ne fait pas l’unanimité parmi les élu·es locaux. En effet, ce sont près de 200 élu·es de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de Suisse à s’être réunis en collectif pour refuser cette implantation.

“Notre collectif, qui grandit chaque jour, sera aux côtés des militant·es anti-nucléaires  pour empêcher ce projet et pour assurer la sécurité et l’avenir énergétique des habitant·es de nos territoires. Le match n’est pas fini”

Albane Colin et Maxime Meyer, conseillers régionaux d’Auvergne-Rhône-Alpes, et co-chef·fes de file du collectif.

(*) Les EPR de de Taishan (Chine) et l’EPR d’Olkiluoto (Finlande) connaissent de nombreux dysfonctionnements, retards et surcoûts :Taishan 1 a eu 5 ans de retard et 60 % de surcoût, a démarré en 2019 pour être arrêté 1 an entre juillet 2021 et août 2022 pour fuite radioactive ; l’EPR Finlandais a démarré en 2022 et été arrêté 9 mois avant l’exploitation commerciale en 2023 avec 13 ans de retard et 10 milliards de surcoûts. Flamanville 3 en est à 12 ans de retard (démarrage annoncé par EDF en 2024) pour un surcoût de 10 milliards selon EDF et 16 selon la cour des comptes.

(**)  Raccordement au réseau en 1978, mise en service en 1979. 

(***) Étude menée par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes – Mars 2023