Non à l’installation d’un terminal méthanier au Havre par Total

En période de crise, la facilité est d’apporter des réponses rapides à des problèmes complexes. C’est aussi le meilleur moyen d’aller droit dans le mur.

Nous sortons d’une crise sanitaire, avant cela nous étions déjà en crise sociale avec le mouvement des gilets jaunes, nous sommes au cœur d’une crise climatique et, avec la terrible guerre menée par Vladimir Poutine, nous entrons dans une crise alimentaire et énergétique.  

Aucune des solutions qui peuvent être apportées à ces crises ne doit être pensée de manière cloisonnée. Même en crise, il faut préparer l’avenir.

Or, le projet de loi actuellement à l’étude, visant à apporter des solutions aux françaises et français qui subissent de plein fouet l’explosion des prix, permet pour des projets d’installation de terminaux méthanier, de déroger au code de l’environnement en se soustrayant aux études d’impacts environnementales, aux études de dangers et à la consultation du public.

Il s’agit ni plus ni moins d’une opportunité saisie par le gouvernement pour accélérer la construction d’un port méthanier au Havre porté par Total. Un beau cadeau fait aux acteur.rice.s des énergies fossiles en ce début de quinquennat qui, rappelons-le, « sera écologique ou ne sera pas » !

Dans un texte où les énergies renouvelables sont les grandes absentes et sous couvert de pouvoir d’achat, on piétine les règles en matière de sécurité environnementale et de concertation citoyenne afin de commercer avec les États-Unis, mais aussi le Qatar, Israël et l’Égypte. En somme, des pays tous exemplaires en matière de droits humains…

Aux États-Unis, rien qu’au sein du comté de Weld au Colorado, une étude de la National Oceanic and Atmospheric Administration a conclu que les émissions des puits de gaz de 2012 équivalaient en carbone à trois millions de voitures.  Les nouvelles pipelines, prévues encore aux seuls États-Unis, seraient à l’origine de 559 millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2040 selon une étude de Global Energy Monitor.

Par manque d’anticipation, le gouvernement prend des décisions qui, à défaut de traiter les causes, atténuent les symptômes. Créer des installations pour importer des énergies fossiles comme solution alternative à l’importation de gaz russe alors que nous devrions investir massivement dans les énergies renouvelables, est irresponsable !

Plus on retarde les investissements pour l’adaptation au dérèglement climatique, plus les conséquences, notamment sur le pouvoir d’achat des plus précaires, seront grandes.  

Nous relevons, qu’encore une fois la Normandie se fait terre d’accueil des énergies les plus dangereuses et polluantes, au mépris de ses habitant.e.s.

À Saint-Nazaire, en 2021, l’alimentation du réseau avait été stoppée à la suite de fuites de gaz sur un terminal méthanier. Les fuites de méthane sont courantes sur ces installations. Ces fuites de méthanes ayant un coefficient de réchauffement 25 fois supérieur à celui du gaz carbonique, la production de gaz de schiste aurait un bilan en gaz à effet de serre équivalent, voire supérieur, à celui du charbon.

Si l’objectif est de faire de la Normandie la région avec le bilan carbone le plus mauvais de France, nous sommes, décidément et malheureusement, en très bonne voie.