Hier, le jeudi 7, c’était day off à la COP. Alors pour fêter ça, quelques repères utiles, mais aussi un point d’étape après la première semaine.
On parle de tout à la COP
Alimentation, Agriculture, Enfants, Femmes, Droit, Finance, Urbanisation, Habitat, Adaptation, Pertes et dommage, Énergie, Santé, Industrie, Inégalités, Peuples autochtones, Forêts, Justice, Education, Sols, Biodiversité, Technologie, Culture, histoire, archéologie, Eau, Langues, Pollution, Textile … et de Climat aussi.
Tout le monde est à la COP…. dont 2456 lobbyistes
Cette année, sur les 100 000 participants de la COP, ce sont 2456 lobbyistes des énergies fossiles qui sont présents. C’est 4 fois plus que l’an passé. Les lobbyistes qui défendent les intérêts des sociétés pétrolières et gazières telles que Total Énergies, Shell et ExxonMobil « sont plus nombreux que toutes les délégations des pays sauf le Brésil et le pays hôte, et sept fois plus que les représentant des populations autochtones », dénonce Gaia Febvre, responsables politiques internationales au Réseau Action Climat. Ils peuvent s’inscrire en s’adossant à une des 2000 ONG présentes, ou se faire inviter par les pays en tant que “party overflow” (débordement) : comme Patrick Pouyané par la France, ou des cadres d’ENI par l’Italie ou des employés de BP, Eni et ExxonMobil par l’UE. N’en déplaise aux détracteurs de la COP, c’est le signe que la COP est un événement à enjeu. Mais c’est aussi le signe que les discussions sont bien engluées dans les enjeux financiers de ces sociétés, qui ne pourront jamais renoncer à tout l’argent présent et à venir des énergies fossiles.
Et de très nombreuses entreprises, qui sont venu faire des affaires. Les plus grands groupes du monde – Google, Microsoft, Bank of America – sont présents en force. Des entrepreneurs en quête d’investisseurs se promènent entre les stands gigantesques et rencontrent leurs clients dans les bars et les restaurants de la ville, organisent des soirées de gala en présence de monarques, de gouvernants, etc.. La COP est aussi une sorte de grande foire commerciale.
Et puisque les Nations unies publient de façon transparente la liste des participants, je vous incite à rechercher les ONG les plus incroyables, ça fait voyager. Quelques pistes : l’office international de la viande, le Rotary Club, l’association pour la promotion du cyclisme en Afrique, la commission internationale des grands barrages…
Le point à la fin de la première semaine
On est à mi-parcours de la COP2. C’est l’heure de faire un point. Alors où en sommes nous ?
Une première avancée applaudie est l’adoption du fonds de “pertes et dommages”, destiné à aider les pays vulnérables à faire face aux conséquences de plus en plus dommageables des catastrophes climatiques. Les délégations ont enchaîné avec des engagements financiers, qui s’élèvent à plus de 655 millions de dollars, selon un décompte du Natural Resources Defense Council. Les Émirats Arabes Unis, l’Allemagne, l’Italie et la France ont chacun promis jusqu’à 100 millions de dollars ou d’euros. Les États-Unis ont, eux, été critiqués pour la faiblesse de leur engagement (17,5 millions de dollars). Dans tous les cas, ces mises de départ restent largement inférieure aux besoins estimés à 100 milliards de dollars et souhaités par les pays du sud.
En cours de discussion, au centre des attentions et des tensions, le sort des énergies fossiles. La bataille pour obtenir un accord final pour la « sortie » des énergies fossiles est en cours. Les deux options de “baisse” et de “sortie” apparaissent encore dans le premier projet d’accord. La simple présence du terme sortie comme une option du texte est en soit un grand pas… mais qui sert à quoi si on recule à nouveau ? Les courants contraires sont très forts… Il reste une semaine, continuons le combat !
Les pays ont profité de la COP pour lancer des initiatives multilatérales, en marge des négociations officielles. 118 pays ont par exemple signé un appel à tripler la capacité des énergies renouvelables installées et à doubler le taux annuel d’amélioration de l’efficacité énergétique de 2% à 4% d’ici 2030. Une vingtaine de pays, dont les États-Unis, la France et les Émirats arabes unis ont également appelé à tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050, par rapport à 2020 bien qu’on puisse sérieusement douter de l’impact positif de cette mesure en matière de climat.
Les entreprises aussi profitent de l’événement. TotalEnergies en a profité pour signer un accord pour un projet éolien au Kazakhstan. Ironie absolue : TotalEnergies a signé une « Charte de décarbonation du pétrole et du gaz », qui engage à décarboner leurs opérations de production. Attention : Un engagement qui n’englobe pas le pétrole et le gaz qu’elles vendent, la différence est de taille ! C’est exactement la différence entre ce qu’on appelle le scope 2 et le scope 3.
D’autres secteurs ont été mis en avant : l’agriculture (voir hier) dont le lien est tissé avec le changement climatique, le transport maritime, pour la transition écologique du secteur.
Concernant la finance, les investissements de pays et de banques dans les projets de réduction et d’adaptation sont importants. On parle de finance, de tech, de croissance.
Rappelons, base affolante de toutes les discussions en cours, que la COP s’est ouverte sur la présentation du bilan mondial des émissions de gaz à effet de serre. Le bilan est sans appel : les engagements climatiques pris dans le monde placent la planète sur une trajectoire de réchauffement allant de 2,5°C à 2,9°C d’ici 2100. Un constat qui trouve écho dans nombreuses études climatologiques et météorologiques complémentaires.