Le 3ème volet du cinquième rapport du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le climat (GIEC), paru ce 13 avril, dresse un tableau alarmant et sans appel : la possibilité de maintenir le réchauffement planétaire en-dessous de 2°c d’ici à 2100 par rapport à la période pré-industrielle est déjà presque épuisée. Pour limiter l’ampleur et la gravité des impacts, il faut agir dès à présent, de manière concertée, et à un rythme bien plus important que ce qui a étéfait jusqu’à maintenant.
Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 2,2% entre 2000 et 2010, contre 0,4% en moyenne pour les trois décennies précédentes. A ce rythme, le seuil des 2°c sera atteint en 2030, soit demain. Pour n’atteindre ce seuil qu’en 2100, il faut réduire les émissions mondiales de 40 à 70% d’ici 2050, et les ramener à un niveau « proche de zéro » d’ici la fin du siècle.
L’urgence de ces préconisations du GIEC se mesure dès aujourd’hui : les effets du changement climatique sont déjà à l’œuvre ; sécheresses, inondations, perte de biodiversité, pénuries alimentaires, impacts sanitaires, migrations, risques de conflits touchent d’abord les populations les plus fragiles. Ces impacts seront de plus en plus importants et irréversibles avec l’ampleur du réchauffement planétaire, et l’inaction ne fait qu’aggraver les coûts futurs : il sera beaucoup plus complexe et coûteux d’atténuer nos émissions et de s’adapter aux changements irréversibles demain que d’agir aujourd’hui.
Les solutions existent. Si tous les secteurs économiques (bâtiment, agriculture, transport…) doivent se mobiliser, la transition énergétique a un rôle particulièrement important à jouer : les progrès accomplis en efficacité énergétique sont à l’heure actuelle annulés par la croissance de consommation d’énergies fossiles, en particulier du charbon. Pour le GIEC, il faut « de rapides progrès dans le domaine de l’efficacité énergétique » et « parvenir à tripler voire quadrupler l’énergie neutre en carbone », notamment produite à partir des énergies renouvelables.
« La lutte contre le changement climatique réclame une coopération internationale sans précédent », avertit aussi le GIEC : des efforts isolés ne suffiront pas, et il faut un accord mondial, fort et contraignant pour poursuivre et amplifier le travail engagé par le protocole de Kyoto.
Les deux prochaines décennies seront cruciales pour notre capacité à enrayer un phénomène aux conséquences graves, avec trois mots d’ordre : sobriété, efficacité, renouvelables.
Avec la loi sur la transition énergétique à l’été 2014 et la conférence de Paris en 2015, la France dispose de deux dates-clé pour montrer l’exemple. Elle doit s’en saisir pour contribuer à l’émergence rapide d’une transition énergétique et climatique forte.