Alors que les Etats-membres doivent finaliser, d’ici la fin de la semaine, leurs réponses à la commission européenne sur sa proposition d’imposer des mesures anti-dumping transitoires de 37 à 68% en moyenne sur les panneaux photovoltaïques chinois, les pressions de la Chine sur certains pays de l’Union pourraient conduire à un rejet de cette proposition. Au moins une dizaine de pays, principalement d’Europe orientale, seraient menacés et pourraient finalement rejeter des mesures anti-dumping dont personne pourtant ne conteste la pertinence.
Yannick JADOT, député européen (Verts/ALE) Vice-président de la Commission du Commerce international, qui mobilise depuis plus d’un an le parlement sur ce sujet, dénonce les pressions scandaleuses de la Chine sur les Etats-membres et l’atteinte qu’elles constituent pour notre souveraineté énergétique, industrielle et démocratique.
« L’industrie photovoltaïque européenne est confrontée depuis deux ans à une concurrence acharnée et déloyale de la part de la Chine. De nombreuses entreprises, des PME comme des leaders mondiaux (le dernier en date étant Bosch), ont fermé, déposé leur bilan ou sont près de le faire. D’ici quelques mois, si rien n’est fait, ce sera toute l’industrie photovoltaïque européenne qui aura disparu, avec ses 25000 emplois, ses compétences, et toutes les perspectives de croissance liées à ce secteur d’avenir. Un an après les Etats-Unis et l’imposition de droits de douane allant jusqu’à 250%, la Commission européenne a enfin proposé des mesures de rétorsion, de 47% en moyenne, qui pourraient sauver les dernières entreprises et leur permettre de se relancer.
Mais la Chine fait scandaleusement pression depuis des mois sur le secteur photovoltaïque européen pour éviter toute rétorsion. Ayant échoué à empêcher le dépôt d’une plainte, ayant échoué à empêcher une investigation de la Commission européenne, elle joue aujourd’hui de la menace vis-à-vis d’une dizaine de pays européens qui semble faire effet. La position très ambiguë de l’Allemagne offre à la Chine un espace inacceptable dans le processus de décision européen. De même, les déclarations stupéfiantes cette semaine du Commissaire européen à l’énergie, Gunther Oettinger, devant les députés européens, soulignant qu’il ne voyait pas de perspective européenne pour une industrie photovoltaïque, laissent perplexes quant à la détermination de la Commission à défendre sa proposition.
Si les mesures anti-dumping proposées par la Commission européenne devaient finalement être rejetées par le conseil européen, ce ne serait pas seulement le sacrifice d’une industrie d’avenir et de ses emplois. Ce serait la fin de toute perspective de politique industrielle européenne et de toute prétention à avoir une politique commerciale crédible et respectée. Quelques jours après le sommet européen sur l’énergie, ce serait la fin de notre prétention à la souveraineté énergétique, cette fois au profit de la Chine. »