tentative de passage en force d’EDF sur la durée de vie des réacteurs nucléaires selon Denis Baupin

Durée d’amortissement des centrales nucléaires :

Une tentative de passage en force d’EDF sur la durée de vie des réacteurs nucléaires selon Denis Baupin

Jour après jour, l’Autorité de sûreté nucléaire pointe du doigt des incidents dans des centrales nucléaires, alors que des arrêts intempestifs de celles-ci se multiplient, mettant en évidence leur vétusté.

Et pourtant EDF envisage d’allonger de 10 ans leur durée d’amortissement, faisant passer cette dernière de 40 à 50 ans. C’est ce qu’a révélé le rapport de Commission de Régulation de l’Énergie sur les tarifs de l’électricité, présenté cette semaine à l’Assemblée Nationale.

Dans une question écrite adressée ce jour à la ministre de l’écologie Delphine Batho, Denis Baupin vice-président de l’Assemblée Nationale s’inquiète de cette tentative de passage en force de la part d’EDF, estimant que « cette fuite en avant dans la durée de l’amortissement est déraisonnable » et qu’elle n’est « en aucun cas liée à une durée acceptée ou réelle de fonctionnement de ces équipements de production ».

« Au contraire, rappelle Denis Baupin, l’Autorité de Sureté Nucléaire a, à plusieurs reprises, indiqué que la prolongation de durée de vie des réacteurs au-delà de 30 ans serait décidée au cas par cas. En ce qui concerne une éventuelle prolongation au-delà de 40 ans, l’ASN a par ailleurs indiqué que le référentiel au regard duquel les centrales seraient jugées n’est même pas encore connu à l’heure actuelle. Dans ces conditions, allonger la durée d’amortissement apparait comme une insupportable pression exercée par l’exploitant sur celui-là même qui est censé le contrôler en tentant de lui faire supporter la responsabilité de l’équilibre économique fragile du parc nucléaire. Sans même présager de la réalité future de cette prolongation, cet allongement virtuel fait porter les gaspillages d’aujourd’hui sur les générations futures. Il fait inévitablement penser aux mécanismes bancaires, à l’origine notamment de la crise des subprimes, visant à créer – artificiellement – une richesse virtuelle par un artifice comptable. De telles bulles finissent toujours par exploser ».

Alertant la ministre de l’écologie de « cette tentative implicite de passage en force de l’opérateur sur la durée de vie des réacteurs nucléaires, et la dangerosité de cette proposition », Denis Baupin demande que le gouvernement s’y oppose.

Question écrite à Delphine Batho :

M. Denis Baupin alerte Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur la volonté d’EDF de passer à 50 ans la durée d’amortissement des centrales nucléaires. Le rapport « Analyse des coûts de production et de commercialisation d’Électricité de France dans le cadre des tarifs réglementés de vente d’électricité » rendu public le 4 juin 2013 par la Commission de Régulation de l’Énergie préconise une hausse des tarifs réglementés de l’électricité, en raison d’une prise en compte insuffisante des coûts réels de production d’EDF dans leur définition.

Or les calculs proposés laissent apparaitre une ambiguïté dommageable, qui semble relever d’une tentative de passage en force de la part de l’opérateur. Y est en effet évoquée l’hypothèse d’un changement possible de la durée d’amortissement comptable lié à la durée de vie des réacteurs nucléaires actuellement en service, faisant passer cette dernière de 40 à 50 ans.

Cette fuite en avant dans la durée de l’amortissement est déraisonnable. Elle n’est en aucun cas liée à une durée acceptée ou réelle de fonctionnement de ces équipements de production. Au contraire l’Autorité de Sureté Nucléaire a, à plusieurs reprises, indiqué que la prolongation de durée de vie des réacteurs au-delà de 30 ans serait décidée au cas par cas. En ce qui concerne une éventuelle prolongation au-delà de 40 ans, l’ASN a par ailleurs indiqué que le référentiel au regard duquel les centrales seraient jugées n’est même pas encore connu à l’heure actuelle. Dans ces conditions, allonger la durée d’amortissement apparait comme une insupportable pression exercée par l’exploitant sur celui-là même qui est censé le contrôler en tentant de lui faire supporter la responsabilité de l’équilibre économique fragile du parc nucléaire.

Sans même présager de la réalité future de cette prolongation, cet allongement virtuel fait porter les gaspillages d’aujourd’hui sur les générations futures. Il fait inévitablement penser aux mécanismes bancaires, à l’origine notamment de la crise des subprimes, visant à créer – artificiellement – une richesse virtuelle par un artifice comptable. De telles bulles finissent toujours par exploser.

Denis Baupin souhaite donc attirer l’attention de Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur la tentative implicite de passage en force de l’opérateur sur la durée de vie des réacteurs nucléaires, et la dangerosité de cette proposition afin que le gouvernement s’y oppose.