Projet d’EPR à BUGEY: fausse concertation et vrai passage en force !

Retrouvez ci dessous la réaction de EELV Ain concernant le projet d’EPR au Bugey.


Lundi 29 et mardi 30 novembre 2021 se tenaient les deux (seules) réunions publiques de concertation portant sur la modification du SCOT (Schéma de Cohérence Territorial) du BUCOPA (syndicat mixte regroupant les communes et communautés de communes Bugey-Côtière-Plaine de l’Ain).

Lundi 29 et mardi 30 novembre 2021 se tenaient les deux (seules) réunions publiques de concertation portant sur la modification du SCOT ( Schéma de Cohérence Territorial ) du BUCOPA ( syndicat mixte regroupant les communes et communautés de communes Bugey-Côtière-Plaine de l’Ain).

Vous avez dit concertation ?

Pour le président du BUCOPA (Alexandre NANCHI adjoint de la majorité de droite à Lagnieu), le sujet doit passer comme une lettre à la poste car s’appuyant sur :

  • la PPE nationale (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie) votée en 2020
  • le SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires) voté par la majorité de droite

le BUCOPA doit s’aligner et donc pour se faire bien voir prévoir d’accepter la construction d’une paire de tranches EPR sur son territoire, les communes devant ensuite logiquement adapter leur Plans Locaux d’Urbanisme entre autres.

Le hic, c’est que les grand.e.s oublié.e.s de cette histoire, ce sont les habitant.e.s !

En effet, l’information de la modification du SCOT aurait été transmise aux mairies de toutes les communes concernées, ainsi que l’annonce des deux réunions publiques de concertations des 29 et 30 novembre. Pourtant, pratiquement personne n’a été tenu au courant de celles-ci, et seule une alerte lancée par un militant attentif a permis à un petit groupe de militant.e.s du pôle écologiste d’être présent lors de ces réunions.

Et à l’avenir ?

Ce qui est prévu ensuite c’est une période jusqu’en février 2022 pendant laquelle les habitant.e.s peuvent déposer des avis en mairie (mais encore faut-il être au courant !) ou sur le site du BUCOPA.

Puis une enquête publique jusqu’en juillet 2022 permettrait aux membres du syndicat mixte de prendre une décision à huis clos en septembre/octobre 2022, sans obligation aucune de prendre en compte les avis exprimés…

Quels échanges ont eu lieu pendant ces réunions ?

En présence d’ un expert de l’IFRI, d’une experte conseil, du directeur de la centrale du Bugey et du chef de projet EDF EPR2, d’un responsable CNR, et dans le public (environ 60 personnes) principalement des maires locaux ( de droite… ), nous avons dans un premier temps rappelé que notre territoire était déjà historiquement très nucléarisé avec 5 réacteurs de puissance dont un à l’arrêt définitif (BUGEY 1 en cours de démantèlement) et un centre d’entreposage de déchets activés (ICEDA). Nous relevons aussi que le fleuve Rhône est lui-aussi fortement nucléarisé, avec pas moins de 14 réacteurs sur ses rives.

Le contexte actuel, trois accidents nucléaires successifs (Three Miles Island 1979, TCHERNOBYL 1986, FUKUSHIMA 2011) d’une part et le réchauffement climatique d’autre part, demande autre chose que la fuite en avant dans des projets très longs et très coûteux comme l’EPR.

Les EPR de BUGEY ne seraient construits qu’après PENLY et GRAVELINES, et donc pourraient au mieux commencer à produire en 2040.

Nous avons donc posé la proposition d’une meilleure utilisation des dizaines de milliards d’euros mobilisés en les engageant dans une véritable politique de transition énergétique. Transition fondée sur la formation à la sobriété, l’efficacité par l’isolation des bâtiments par exemple et le développement massif d’énergies renouvelables (ENR) englobant les besoins de réseaux et de stockage.

Le scénario M0 du rapport 2020 de l’opérateur de réseau national RTE indique que cette voie est possible, dans un contexte où les coûts des technologies ENR ne font que baisser alors que ceux du nucléaire ne font qu’augmenter, à tel point que nous pensons possible que les chantiers EPR soient un jour purement et simplement arrêtés par faute de compétitivité, les milliards publics investis le seraient alors en pure perte pour la collectivité.

Par ailleurs, nous avons indiqué que la ville de GENEVE avait porté plainte en 2019 concernant le site de BUGEY, et que l’Ain a énormément de liens avec cette ville, nous avons interrogé le BUCOPA sur ce point. Enfin le cas des communes voisines d’Isère est aussi à considérer. Les représentants du BUCOPA n’ont pas daigné nous répondre sur nos voisins Suisses.

Les différents intervenants du BUCOPA et d’EDF ont répondu que les EPR seraient maîtrisés, avec le retour d’expérience de « l’ accident industriel de Flamanville 3 », et qu’il ne fallait pas opposer nucléaire et ENR.

Ils veulent un « mix électrique », mais ils ne répondent pas aux questions posées sur les risques (y compris sur les problèmes de combustibles intervenus sur la tranche EPR chinoise TAISHAN1), ni aux questions budgétaires, le choix d’EPR obérant de fait les capacités financières mobilisables pour le développement de l’efficacité énergétique et des ENR.

Réveillons-nous ! Imposons un sondage ou référendum sur des décisions aussi engageantes pour notre avenir et celui de nos enfants !

Nous ne pouvons pas nous résigner au manque de démocratie relevé plus haut, un simulacre de concertation sur deux réunions n’est absolument pas suffisant.
Le pôle écologiste de l’Ain, avec l’ensemble des forces progressistes sensibles aux urgences démocratiques, sera aux côtés des habitant.e.s de notre territoire pour éviter que de telles orientations politiques de long terme ne soient prises en huis clos par les seul.e.s élu.es du BUCOPA !