Pour un embargo sur les énergies fossiles et nucléaire russes

Les écologistes demandent un embargo européen sur les énergies fossiles et nucléaire russes afin de couper les fonds à la Russie qui mène une guerre destructrice en Ukraine. Dans cette fiche, nous proposons cinq grands axes pour sortir rapidement et durablement de notre dépendance aux énergies fossiles et nucléaire russes : sobriété, efficacité, énergies renouvelables, investissements privés et agriculture.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, les pays de l’Union européenne (UE) cherchent à sanctionner économiquement la Russie afin de la couper des financements occidentaux. L’UE vient de décider d’interdire tout nouvel investissement européen dans l’exploration et la production de pétrole, charbon, gaz et électricité en Russie. C’est un bon signal mais ce n’est pas assez : avec nos achats actuels de gaz fossile et de pétrole russes, nous faisons chaque jour un chèque de 800 millions d’euros à la Russie et à son armée. L’énergie nucléaire échappe également aux sanctions européennes, bien que Rosatom – société d’État créée par Poutine en 2007 – soit une source importante de revenu pour le régime. Rosatom est le premier client des turbines nucléaires françaises Arabelle qu’EDF vient de racheter à General Electric. La Hongrie a récemment décidé une extension de 12,5 milliards d’euros pour une de ses centrales construites par Rosatom, financée par un prêt de 10 milliards à la Russie. Les sanctions permettraient d’empêcher à Rosatom de vendre des centrales dans l’UE et l’entreprise perdrait probablement tous ses contrats en cours.

Nous demandons un embargo européen sur les énergies fossiles et nucléaire russes afin de couper les fonds à la Russie qui mène une guerre destructrice en Ukraine. Aujourd’hui, c’est l’option la plus crédible et la plus forte pour mettre un frein immédiat à l’invasion en cours, provoquer un cessez-le-feu et espérer un retrait des troupes. Nous devons nous mobiliser pour mettre en œuvre ce « quoi qu’il en coûte » afin de bâtir, ensemble, un véritable projet de paix, en développant les énergies renouvelables, la sobriété et l’efficacité énergétique. Cela nous permettra d’atteindre nos objectifs climatiques et de développer notre indépendance énergétique.

Les décisions politiques de ces dernières décennies nous ont conduits à être extrêmement dépendants de la Russie pour notre approvisionnement en énergie. 41 % du gaz fossile, 27 % du pétrole et 47 % du charbon que les citoyen·ne·s européen·ne·s consomment sont importés de Russie. Rien qu’en France, les boucliers tarifaires mis en place ont coûté environ 20 milliards d’euros, notamment à EDF. La France importe également 45 % de

son uranium du Kazakhstan qui appartient à la sphère d’influence russe, comme l’illustre l’envoi récent de forces militaires pour soutenir le régime face à des manifestants. Aujourd’hui, avec les investissements que nous allons réaliser pour réduire notre dépendance énergétique, c’est notre futur énergétique européen que nous devons construire. C’est le moment de faire les bons choix : pour le peuple ukrainien, pour les citoyen·ne·s européen·ne·s et pour les générations futures.

Nous saluons l’instrument « RepowerEU » proposé par la Commission européenne. Cependant, nous identifions un risque très clair dans les propositions mises en avant par la Commission de perpétuer voire renforcer notre système actuel basé sur les énergies fossiles. Nous ne pouvons remplacer une dépendance au gaz russe par une dépendance au gaz du Qatar ou d’ailleurs. Les investissements massifs sur l’hydrogène sont également risqués car il est actuellement fabriqué à 75 % à partir de gaz. Il faudrait une quantité significative d’énergies renouvelables additionnelles pour produire de l’hydrogène renouvelable, quantité dont l’Europe ne dispose pas. Le biométhane apparaît comme une fausse solution car une dépendance accrue à son égard entraînera une augmentation des émissions de CO2 et une utilisation des surfaces agricoles qui n’est pas en phase avec le contexte de menace de la sécurité alimentaire mondiale.

Nous proposons cinq grands axes pour sortir rapidement et durablement de notre dépendance aux énergies fossiles et nucléaire russes : sobriété, efficacité, énergies renouvelables, investissements privés et agriculture.