Déploiement du solaire photovoltaïque, la position officielle des écologistes

Nous sommes heureux de vous présenter ce texte, fruit d’un travail de près de deux ans.

Ce texte est important car EELV est le premier et le seul parti, à ce stade, a avoir acté une position sur le sujet. Ce texte est nécessaire car, de manière générale, le déploiement des énergies renouvelables ne bénéficie d’aucune planification. Ce texte est indispensable car sur le terrain, les écologistes ont besoin d’une grille de lecture pour analyser les projets qui se présentent. 

Si la crise énergétique de cet hiver est derrière nous, le spectre de nouvelles ruptures d’approvisionnement demeure. Cette crise n’avait pourtant rien d’inéluctable, on pouvait même la prédire. Elle n’est que la conséquence de mauvais choix politiques poursuivis depuis des décennies, à savoir le manque d’investissement criant dans les transitions énergétiques et une dépendance consentie aux combustibles fossiles. Comme la plupart des filières renouvelables, le solaire photovoltaïque reste encore extrêmement marginal : seulement 4 % de la consommation électrique française en 2022, soit un peu plus d’un pourcent de la consommation énergétique. Ces chiffres dérisoires doivent nous interroger puisque nous sommes le parti des renouvelables. 

Faut-il rappeler les avantages du photovoltaïque ? Un taux de recyclage de 95%, un bilan carbone inférieur au mix électrique français ou encore une diminution spectaculaire des coûts de production sur la dernière décennie. C’est une source d’énergie indispensable pour le futur mix 100% renouvelable que nous défendons historiquement et que nous continuerons à défendre.

Les scénarios de prospective énergétique ne s’y trompent pas. Tous prévoient, dans leurs hypothèses les plus sobres – division par trois des consommations pour Négawatt – tous – prévoient de multiplier a minima par dix les capacités de production PV pour 2050. C’est un saut colossal. Il faut doubler voire tripler les nouvelles capacités annuelles pour les décennies à venir. 

Notre priorité numéro un est que ces installations se fassent sur les toitures et la motion que l’on vous présente le rappelle

Ce choix a un coût que la motion propose d’assumer : si le solaire sur grande toiture est légèrement moins cher que le nouveau nucléaire, le solaire en petite toiture est 50% plus cher. Mais cela suppose une augmentation très importante des charges publiques et bat en brèche notre argumentaire sur les coûts très élevés de la filière nucléaire.

Ce coût très élevé s’explique par les limites techniques du solaire sur petite toiture : difficultés de raccordement, contraintes patrimoniales, architecturales, manque de main d’œuvre…

Un exécutif écologiste pourrait progressivement lever les freins du solaire en toiture, avec des politiques publiques fortes dont il assumerait le coût: c’est le sens du 1er bloc de propositions prévu par la motion. Malheureusement, les effets de ces politiques ne sauraient, en toute honnêteté, être suffisants pour couvrir les besoins.

Ainsi, on construit trop peu de centrales en toiture, de puissances très insuffisantes pour atteindre nos objectifs. Il apparaît donc indispensable de s’appuyer sur des centrales au sol. Les trois scénarios énergie-climat, Négawatt, RTE et ADEME, confirment le besoin de s’appuyer sur les centrales au sol sur, en gros 500 à 1000 km2 soit un à deux millièmes de la superficie française.

Évidemment, tout comme le font ces scénarios, la motion, et c’est le deuxième point à retenir, hiérarchise les espaces où localiser ces installations au sol : la priorité va aux parkings, friches et sites pollués ou dégradés ainsi qu’aux délaissés. Malheureusement, le réservoir foncier mobilisable à court-terme ne suffit pas non plus comme le confirment les chiffres de l’ADEME.

La motion prévoit donc que les écologistes planifient, c’est le troisième point à retenir, l’installation des centrales sur espaces agricoles mais dans un cadre extrêmement strict, celui de l’agrivoltaisme. Cette partie est le fruit d’un travail coopératif avec la commission agriculture, que nous remercions chaleureusement, tout comme la commission biodiversité grâce à laquelle nous avons proposé d’ajouter de nouvelles contraintes environnementales au cadre actuel.

C’est un des objectifs principaux de cette motion : mettre des limites à une filière qui jouit d’un manque certain de régulation. Elle renforce ainsi des interdictions de défrichement, ou encore le plafonnement de la superficie des centrales. La motion propose, entre autres, d’améliorer le suivi des effets des centrales au sol sur l’environnement, d’accroître les bénéfices territoriaux des projets, et d’encourager la création d’une vraie filière européenne de production de panneaux.

En somme identifier les actions nécessaires à mener à court-terme et préparer le long-terme avec une boussole : tout faire pour que, grâce à un soutien massif, le solaire photovoltaïque sur bâtiment ou sur parking soit suffisant pour l’atteinte d’un mix sobre et 100% renouvelables et donc éloigner la nécessité de recourir à la construction d’installations au sol sur espaces agricoles ou naturels. 

Reconnaître que cela n’est pas possible à court-terme mais faisable à moyen-terme n’est pas un renoncement, c’est une prise de responsabilité. Attendre l’exploitation complète du gisement en toiture serait tout bonnement irresponsable et nous éloignerait du statut de parti de gouvernement capable de tenir ses engagements idéologiques fondamentaux. 

Nous sommes et resterons techno-critiques, c’est notre âme d’écologistes, ces panneaux nous ne proposons de les installer que parce qu’ils sont strictement nécessaires.