ASTRID, ou l’obsession plutomaniaque française

ASTRID est un programme de recherche-développement financé au CEA sur le budget des « investissements d’avenir ».

Il vise à développer un avant projet détaillé d’un prototype de 600 MW de surgénérateur refroidi au sodium liquide présenté comme nucléaire du futur ou « génération IV ». Une sorte de « superphenix ++ » dont on nous promet que ce coup ci il pourrait marcher mais pas avant 2040 voire 2050. Forcement, entre temps il faut justifier les EPR et la prolongation des centrales existantes.

Une convention du 9 septembre 2010 entre l’Etat et le CEA encadre l’enveloppe de 651.6 millions attribuée au CEA par la LFR 2010. on y lit qu’il faudra 7 ans pour aboutir à l’avant-projet détaillé avec 3 étapes :

2010-2012 : 198.1 millions Tranche 1 dite phase 1 de l’avant projet sommaire (AVP1)

2013-2014 : 210.4 millions phase Tranche 2 dite phase 2 de l’avant projet sommaire (AVP2)

2015-2017 : 243.1 millions Tranche 3 dite de l’avant projet détaillé (APD)

 

Cette convention précise que le CEA devra, avant fin 2012 « augmenter les cofinancements privés sur le programme », ce qui explique probablement l’annonce d’un partenariat avec Bouygues il y a quelques jours. La convention précise même que 20 à 30% de partenaires sont nécessaires.

Les surgénérateurs (Phénix, Superphénix, Astrid) sont consubstantiels du mythe nucléaire français. C’est en son nom qu’est « justifiée » la poursuite des activités les plus dangereuses de la filière : extraction et stockage du plutonium à La Hague. C’est en son nom qu’on « oublie » de comptabiliser une grande partie des déchets nucléaires, et de provisionner le financement de leur traitement, puisqu’ils seraient supposés devenir à terme des combustibles.

On est tout de même en droit de se demander pourquoi il faut encore autant de temps et de moyens de recherche – 650 millions – pour laver l’affront de Superphénix et les échecs de tous les projets de surgénérateurs lancés dans le monde depuis les années 70. L’Allemagne a d’ailleurs transformé le sien en parc d’attraction.

Il est encore temps de s’épargner une fuite en avant grotesque en renonçant aux phases 2 et 3, et donc en économisant plus de 450 millions d’euros. Il faut parfois savoir dire stop aux obsessions.

A titre de comparaison, le photovoltaïque -technologie à l’énorme potentiel et dont la pleine maturité économique est attendue avant 2020-, a bénéficié d’un soutien de recherche publique de 47 millions d’euros entre 2005 et 2010. Soit dix fois moins que ce qui est projeté dans les cinq ans qui viennent pour le seul projet ASTRID. Paul-renouvelable est toujours déshabillé par Pierre-nucléaire. En France, il y a des choses qui semblent ne pas vouloir changer.

EELV demande à Mesdames Fioraso et Batho de ne pas initier le projet ASTRID et de réorienter en conséquence les 450 millions d’euros ainsi libérés vers les recherches nécessaires à la transition énergétique, et d’a minima le suspendre d’ici la nouvelle loi d’orientation sur l’énergie issue du débat national annoncé à l’automne.

Elise Lowy, Jean-Philippe Magnen,

Porte-parole

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